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tiques. C’est ce même dieu enfin, qui fit connaître aux hommes l’architecture, la sculpture, la peinture et tous les arts utiles[1].

La langue et l’écriture inventées par Thoth et communiquées aux hommes par cette divinité bienfaisante, différaient de la langue et de l’écriture des dieux, dont s’était servi le premier Hermès pour rédiger ses livres. L’écriture employée par le second Hermès est appelée hiérographique par Manéthon[2], parce qu’elle servit d’abord à écrire les livres sacrés, dont ce dieu confia la garde à la caste sacerdotale qui lui devait, dit-on, son organisation et toutes les connaissances dont elle fut la dépositaire et la dispensatrice. Il paraît même que cet instituteur des hommes réserva pour cette caste seule un certain ordre de notions, entre autres, celle de la véritable longueur de l’année, 365 jours un quart, et de la période de quatre années dont la dernière était bissextile[3]. Les prêtres égyptiens reconnaissaient ce dieu pour l’auteur des livres sacrés que chacun d’eux devait posséder à fond, en totalité ou en partie, selon l’ordre de ses fonctions et son rang dans la hiérarchie. Ces livres de Thoth, au nombre de quarante-deux, renfermaient toutes les règles, tous les préceptes, et tous les documents relatifs à la religion, au culte, au gouvernement, à la cosmographie, à la géographie, à tous les arts et à toutes les sciences ; en un mot, ces livres sacrés, dont les titres nous ont été conservés[4], formaient une véritable Encyclopédie égyptienne.

Les Égyptiens, qui considéraient le second Hermès comme un dieu manifesté, et nullement comme un roi terrestre divinisé, ainsi que le prétend Athénagore[5], représentèrent habituellement cet instituteur divin de leur civilisation, sous une forme humaine, mais avec une tête d’Ibis, ainsi qu’on le voit figuré sur notre planche 30. La tête de l’oiseau, couverte de la coiffure égyptienne ordinaire et peinte en bleu, est surmontée des cornes de boue, communes à la plupart des dieux protecteurs, et soutenant des uræus, un disque et d’autres emblèmes qui va rient suivant les différents points de vue sous lesquels on considérait le second Hermès. La légende no 1 signifie Thôout ou Thouti, seigneur des divines écritures ou des écritures sacrées, dont ce dieu fut l’inventeur ; la seconde légende exprime les idées Thôout, grand et grand (deux fois grand)[6], seigneur des huit régions. Le titre deux fois grand, presque toujours inscrit à côté des images du second Hermès, Thoth-ibiocéphale, le distingue du premier Hermès, Thoth-hiéracocephale, surnommé Trismégiste (trois fois très-grand).

  1. Platon, Philebus. — Plutarque, Symposiaques, Quest. 3. — Diodore de Sicile, Histor., liv. 1, pages 14 et 15, etc., etc.
  2. Manéthon, Chronogr. du Syncelle, page 40.
  3. Strabon, liv. XVII.
  4. Clément d’Alexandrie, Stromat., lib. VI, cap. 4.
  5. Legatio pro christian., pag. 32.
  6. Transcription hiéroglyphique du titre μέγας καὶ μέγας que le texte grec de l’inscription de Rosette (ligne 19) donne à ce Dieu.