Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/42

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l’image de ce même oiseau est devenue, pour cela même, le signe de l’idée mère dans l’écriture hiéroglyphique.

D’un autre côté, Néith ou l’Athène égyptienne fut aussi, comme celle des Grecs, la protectrice des guerriers. Sous ce second rapport, le vautour devait encore devenir son symbole, puisque, suivant les Égyptiens, cet oiseau de proie, doué d’une certaine prescience, marquait sept jours à l’avance et circonscrivait même le lieu qui devait servir de champ de bataille à deux armées ; il faisait face pendant le combat à l’armée qui devait éprouver la plus grande perte. Aussi les anciens rois d’Égypte envoyaient-ils, dit-on, avant d’en venir aux mains, des explorateurs pour observer de quel côté se tournaient les vautours fatidiques[1]. Les plus anciens Grecs paraissent avoir eu des préjugés semblables. Hérodote de Pont dit, du moins, qu’Hercule était ravi quand un vautour se montrait à lui au commencement d’une expédition militaire[2].

Le symbole de Néith, déesse dispensatrice de la victoire, le vautour, la tête ornée de diverses coiffures, les ailes éployées et tenant dans ses serres des insignes de la Victoire, est toujours figuré, sur les bas-reliefs des temples, planant au-dessus de la tête des souverains de l’Égypte faisant des offrandes aux dieux ou conduisant à leurs pieds des ennemis vaincus[3] ; ailleurs, il ombrage de ses ailes le pharaon Thouthmosis que reçoivent dans leurs bras la déesse Néith, le dieu Amon-Ra[4], et le pharaon Ramsès-Meiamoun, grand-père de Sésostris, soit dans ses combats, soit dans la pompe de son triomphe, représentés sur les bas-reliefs du palais de Medinetabou à Thèbes[5] ; enfin, le plafond de la porte triomphale du sud à Karnac est orné de 18 vautours, portant l’emblème de la Victoire[6], et semblables à celui qui est figuré sur notre planche 6 quater, tiré des bas-reliefs du tombeau royal découvert par Belzoni.

  1. Horapollon, lib. I, §. 11, pag. 20.
  2. Plutarque, Vie de Romulus.
  3. Voyez la Description de l’Égypte. A., vol. III, pl. 32, no 4. — Pl. 37, no 9. — Pl. 47, no 2. — Pl. 38, no 32. — A. vol. II, pl. 13, nos 1, 3 et 4. — Pl. 16, no 2, etc.
  4. Idem., vol. III, pl. 36, nos 1 et 3.
  5. Idem., vol. II, pl. 10 et 11.
  6. Idem., vol. III, pl. 50, no 2.