Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vivante, stabilitrice, bienfaitrice de la région inférieure, et dominatrice, comme le Soleil, pour toujours[1]. Il s’agit de savoir ce qu’il faut entendre par cette région inférieure.

Horapollon affirme que la Junon égyptienne occupait l’hémisphère inférieur du ciel τὸ κάτω (τοῦ οὐρανοῦ) ἡμισφαίριον[2]. Mais le caractère qui, sur le bas-relief précité, exprime l’idée région inférieure, caractère identique, quoique d’une forme plus simple, avec celui qui occupe la partie inférieure de notre planche 7 (A), ne me paraît point désigner d’une manière spéciale l’hémisphère inférieur du ciel : j’ai acquis la certitude que c’est là le véritable signe symbolique de la partie inférieure de la Terre d’Égypte, la région que nous connaissons sous le nom de Basse-Égypte, et qui, dans les livres coptes, est appelée, tantôt Sampésèt-an-Kèmé, c’est-à-dire la partie inférieure de Kèmé, tantôt Tsahèt ou la partie septentrionale. J’ai été conduit à reconnaître la valeur de ce caractère, qui a passé des anaglyphes, ou bas-reliefs allégoriques, dans l’écriture hiéroglyphique, en analysant le texte en hiéroglyphes de l’inscription de Rosette, dans lequel les mots du grec τοῖς ἱερεῦσι τῶν κατὰ τὴν χώραν ἱερῶν πάντων[3], aux prêtres de tous les temples du pays, sont rendus par neuf caractères signifiant à la lettre, aux prêtres appartenant aux régions supérieures (les nomes de la Haute-Égypte) et aux régions inférieures (les nomes de la Basse-Égypte)[4]. Les régions inférieures se trouvent exprimées par le redoublement de ce bouquet de tiges plus ou moins nombreuses de lotus, mais dont deux, les deux extrêmes, sont constamment brisées.

Ainsi, la planche 7 (A) de notre panthéon, qui reproduit fidèlement la plus grande partie de l’un des bas-reliefs peints dont est décorée l’entrée du tombeau destiné à recevoir le corps du pharaon Méiamoun-Ramsès, dans la vallée de Biban-Elmolouk à Thèbes[5], nous offre la déesse Saté tenant le signe de la vie divine, étendant ses ailes comme pour protéger la légende du roi[6], et assise, à la manière égyptienne, sur le signe symbolique de la domination surmontant le symbole de la région inférieure : ce bas-relief, comme un très-grand nombre de ceux qui décorent les édifices de l’Égypte, est susceptible d’une véritable lecture, et il signifie Saté, déesse vivante, dame de la région inférieure.

  1. Idem, planche 17.
  2. Horapollon, Hiéroglyph., liv. I, § II, page 22.
  3. Texte grec, ligne 36.
  4. Texte hiéroglyphique, ligne 5, à la fin.
  5. Ce bas-relief est gravé en entier dans la Description de l’Égypte, A., tome II.
  6. Supprimée dans notre planche.