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du signe d’espèce Dieu. Ce nom est phonétique, et en appliquant aux caractères qui le composent les valeurs fixes de ces mêmes signes dans les noms propres hiéroglyphiques des pharaons et des souverains grecs et romains, on obtient ΤΡΕ ou ΘΡΕ, que nous prononcerons en suppléant la voyelle médiale, omise comme à l’ordinaire, Taré, Teré, Théré ou Thoré.

Quelles que fussent les voyelles et la signification de ce nom propre, les monuments nous apprennent que ce personnage n’était qu’une des modifications de Phtah, le premier né d’Ammon-Cnouphis, l’agent qui sortit avec la substance du monde de la bouche du Démiurge. L’identité de Phtah et de Thoré est prouvée par les légendes hiéroglyphiques de Ptolémée-Épiphane ; le titre de ce prince, exprimé dans le texte grec de l’inscription de Rosette, par les mots : Ὃν ὁ Ἥφαιστος ἐδοκίμαζεν, est rendu dans les légendes hiéroglyphiques de ce roi lagide, par les mots : approuvé par phtah ou par phtah thoré (lég. no 2) indifféremment[1]. D’où il est aisé de voir que Thoré n’est qu’un simple surnom de Phtah, comme Socari.

Le scarabée qui forme la tête de Phtah-Thoré, était un emblème parfaitement en rapport avec l’idée que les Égyptiens avaient du dieu Phtah ; selon Horapollon, cet insecte était l’emblême spécial de la Génération ou de la Création (Γένεσις)[2]. Et c’est en effet par l’action de Phtah que le Monde avait été créé, selon la doctrine égyptienne.

  1. Dans des légendes royales d’Épiphane, dessinées à Philæ et à Thèbes, par M. Huyot ; et à Dendérah, par la Commission d’Égypte.
  2. Horapollon, liv. I, no 10.