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égyptienne du nom Θὼθ, qui, selon Manéthon, fut celui du premier Hermès. Ce nom phonétique est ordinairement suivi du segment de sphère et du disque croisé, signes déterminatifs de tous les noms propres des contrées célestes et terrestres. Les six caractères qui suivent, expriment les titres dieu grand, seigneur de la région supérieure. Ailleurs, le nom de ce dieu est écrit symboliquement par un épervier, avec ou sans le fléau[1]. Le temple de Dakké, en Nubie, est dédié, comme le prouvent une foule d’inscriptions grecques, à Hermès, surnommé Παυτνουφις, mot qui répond au copte Pahitnoufi, Celui dont le cœur est bon.

M. Gau a dessiné dans cet édifice, dédié aux deux Hermès qui n’étaient au fond qu’une même divinité, une inscription hiéroglyphique, dans laquelle est mentionné le premier Hermès, dont le nom est exprimé par le triple épervier, suivi des qualifications dieu trois fois grand[2], président du temple de la demeure de Pselk (voyez notre planche 15, légende no 3). Pselk était une déesse qui avait donné son nom à la ville de Dakké, appelée en effet Pselk-is ou Pselc-is par les Grecs et les Romains, et demeure de Pselk par les Égyptiens.

La représentation du premier Hermès ou Thoth-Trismégiste, gravée sur notre planche 15, a été calquée sur une momie appartenant à M. Thédenat-Duvent.

Cette grande divinité est emblématiquement figurée sur les monuments égyptiens de tous les âges et de tous les genres, sous la forme d’un disque peint en rouge, décoré d’uræus, ainsi que de deux grandes ailes déployées : et toujours accompagné de la même légende que le dieu, comme on peut le voir sur notre planche 15 (A), dont l’explication sera donnée avec celle de la planche 15 (B), qui contiendra les formes variées de cet emblème du premier Hermès.

  1. Voyez notre planche, légende no 2, et Description de l’Égypte, A., vol. I, pl. 10, no 2.
  2. C’est-à-dire, Trismégiste. Le second Hermès à tête d’Ibis ne porte habituellement dans les inscriptions que le titre de deux fois Grand. (Voyez les légendes inscrites au-dessus de son image dans les papyrus funéraires.) C’est ce titre du second Hermès que le texte grec de l’inscription de Rosette exprime (lig. 19), par les mots μέγας καὶ μέγας, grand et grand (deux fois grand).