Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/164

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Il exista donc une époque où l’écriture hiéroglyphique égyptienne, ce système que nous avons cru pendant si long-temps formé uniquement de caractères idéographiques, c’est-à-dire, de simples signes d’idée, comptait aussi parmi ses élémens des signes phonétiques, figuratifs dans leur forme, il est vrai, mais représentant proprement la prononciation des mots de la langue égyptienne parlée.

Ce fait étant bien reconnu, il s’agit de savoir à quelle antiquité peut remonter ce système d’écriture phonético-idéographique, tel que diverses applications viennent de nous le montrer.

En proposant moi-même l’examen d’une pareille question, j’ai dû prévoir cette objection qu’on ne manquerait point de me faire : nous accordons que, dans certains textes et inscriptions hiéroglyphiques, les noms propres des dieux et des hommes, des mots égyptiens, tels que noms communs, verbes, pronoms, prépositions, &c., sont exprimés phonétiquement ; mais il est possible que cette écriture hiéroglyphique en grande partie phonétique, soit une forme prise par l’écriture égyptienne, sous l’influence immédiate des Grecs et des Romains, et qu’elle diffère essentiellement de l’écriture hiéroglyphique du temps des Pharaons, écriture que l’antiquité toute entière semble nous donner comme complètement idéographique.

Cette objection trouvera sa réponse dans le chapitre suivant.