Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/310

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est utile d’établir dans les méthodes d’après lesquelles furent tracés les caractères hiéroglyphiques : ces différences ne constituent point trois écritures particulières ; ce ne sont simplement que des manières plus ou moins parfaites, plus ou moins expéditives, d’écrire, de graver ou de peindre les élémens d’un seul et même système graphique.

14. L’éclat des couleurs variées ajouté aux signes hiéroglyphiques, et la nature matérielle de ces signes, prouvent que l’art de l’écriture fut, en Égypte, essentiellement lié à l’art de peindre ; ou plutôt ce n’était qu’un seul et même art, arrivant au même but par les mêmes moyens, l’imitation des objets, avec cette seule différence que la peinture procédait toujours au propre, tandis que l’écriture fut souvent forcée de recourir à des formes tropiques pour exprimer un certain ordre de choses qui, ne tombant point sous les sens, échappaient au pinceau du peintre pour devenir la propriété exclusive de l’écrivain ; il fut donc naturel en Égypte, plus que par-tout ailleurs, que, dans la langue parlée qui a conservé l’empreinte bien caractérisée des mœurs et des usages primitifs, un même mot exprimât l’action de peindre et celle d’écrire[1], l’écriture et la peinture[2], le scribe et le peintre[3]. Cette seule observation suffirait, s’il en était besoin, pour prouver qu’à l’origine

  1. Thébain Ⲥϩⲁⲓ, Memphitique Ⲥϧⲁⲓ.
  2. Thébain Ⲧⲙⲛⲧⲥⲁϩ, Memphitique Ϯⲙⲉⲧⲥϧⲁⲓ.
  3. Thébain Ⲡⲣⲉϥⲥⲁϩ, Memphitique Ⲡⲓⲣⲉϥⲥϧⲁⲓ.