Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/312

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dont les formes différassent essentiellement. Sans nous arrêter à la singulière induction qu’il en tire, savoir, que cinq cents hiéroglyphes ne pouvaient former à eux seuls une langue, concluons de notre côté que Bruce fit son recueil d’une manière bien superficielle, puisque le célèbre Georges Zoëga, en étudiant les seuls obélisques de Rome et quelques monumens renfermés dans les musées de l’Italie, parvint à recueillir une suite de neuf cent cinquante-huit signes hiéroglyphiques qu’il regardait comme bien distincts[1].

16. Je suis très-porté à croire que ce savant Danois a souvent noté comme signes différens, des caractères qui n’étaient au fond que des variations sans conséquence les uns des autres, puisque ayant moi-même recueilli d’après les meilleurs dessins des monumens existant en Italie, et sur-tout en étudiant un très-grand nombre de manuscrits et de monumens originaux de toute espèce, les hiéroglyphes bien évidemment distincts par leur forme, je n’ai cependant pu obtenir qu’un résultat numérique inférieur à celui de Zoëga.

On sent d’ailleurs qu’en un calcul de ce genre, il est pour ainsi dire impossible d’arriver, dans l’état actuel de nos connaissances, à un résultat rigoureusement exact : comment se défendre, en effet, de ne point compter fréquemment comme signes distincts, deux caractères différant seulement par certains détails qui n’apportaient toutefois aucun changement dans la

  1. De Origine et Usu obeliscorum, cap. 2, sect. IV, pag. 497.