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sacrée des Égyptiens, on est loin d’avoir une idée exacte de ce singulier système ; car les signes de cet ordre se trouvent, pour ainsi dire, perdus au milieu d’une grande quantité d’autres, dont un certain nombre montrent, par leur forme seule, qu’ils tiennent à une méthode d’expression fort différente de celle des premiers exprimant l’idée d’un objet par la forme même de cet objet.

Quel fut donc le mode d’expression des autres caractères ? Les auteurs grecs nous fournissent à cet égard des notions précieuses, que l’autorité des monumens confirme dans toute leur étendue.

42. Il résulte des différentes assertions de Clément d’Alexandrie, de Diodore de Sicile, et du livre entier d’Horapollon[1], que les Égyptiens, dans leur écriture sacrée, procédaient souvent par une méthode symbolique ou énigmatique.

Nous avons observé, en effet, dans l’analyse de diverses inscriptions hiéroglyphiques, tentée dans nos précédens chapitres, des caractères dont chacun exprimait l’idée d’un objet dont ces mêmes caractères ne représentaient cependant point la forme par eux-mêmes. Ces signes sont évidemment du nombre de ceux que les anciens ont appelés hiéroglyphes symboliques, tropiques et énigmatiques.

43. Les caractères figuratifs suffisaient pour rappeler, même avec plus de précision que les mots de la langue

  1. Clément, Stromates, liv. V, ch. 4. — Diodore, liv. I, ch. 81. — Horapollon, Hiéroglyphes, liv. I et II, passim.