Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/416

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129. Les anaglyphes proprement dits ou les tableaux allégoriques, quoique formés en général d’images monstrueuses, étaient toutefois en liaison directe avec l’écriture hiéroglyphique pure. Les textes sacrés et les anaglyphes avaient une certaine quantité de caractères communs, et de ce nombre furent, par exemple, les signes symboliques, tenant la place des noms propres de différentes divinités ; signes introduits dans les textes hiéroglyphiques, en quelque sorte, comme caractères représentatifs des êtres mythiques.

130. Tels furent, d’après les faits, les rapports théoriques et matériels qui liaient les diverses parties du système graphique des anciens Égyptiens. Ce système si étendu, figuratif, symbolique et phonétique à-la-fois, embrassait, soit directement, soit indirectement, tous les arts d’imitation. Leur principe ne fut point en Égypte celui qui, en Grèce, présida à leur extrême développement : ces arts n’avaient point pour but spécial la représentation des belles formes de la nature ; ils ne tendaient qu’à l’expression seule d’un certain ordre d’idées, et devaient seulement perpétuer, non le souvenir des formes, mais celui même des personnes et des choses. L’énorme colosse, comme la plus petite amulette, étaient des signes fixes d’une idée ; quelque finie ou quelque grossière que fût leur exécution, le but était atteint, la perfection des formes dans le signe n’étant absolument que très-secondaire. Mais en Grèce la forme fut tout ; on cultivait l’art pour l’art lui-même. En Égypte, il ne fut qu’un moyen puis-