Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/441

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premières et vénérables pages des annales du monde civilisé.

Appliquée enfin aux monumens de tous les genres, ma théorie du système hiéroglyphique nous apprend déjà leur destination réelle, les noms des princes ou des simples particuliers qui les firent exécuter, soit pour honorer les dieux ou les souverains de l’Égypte, soit pour perpétuer la mémoire des parens auxquels ils avaient survécu ; par mon alphabet encore, j’ai distingué sur ces monumens les divinités égyptiennes mentionnées dans les auteurs grecs, et celles bien plus nombreuses dont ils n’ont point parié ; j’ai retrouvé dans les textes hiéroglyphiques leur hiérarchie donnée par l’ordre même de leur filiation ; ailleurs, des généalogies des races royales, et plus souvent celles des familles particulières : il m’a été possible enfin de réunir une foule de détails curieux sur divers sujets, et dont nous ne trouvons aucune trace dans les écrits des Grecs ou des Latins qui ont parlé des Égyptiens.

Mais ce n’est point à l’histoire seule de l’Égypte proprement dite que les études hiéroglyphiques peuvent fournir de précieuses lumières ; elles nous montrent déjà la Nubie comme ayant, aux époques les plus reculées, participé à tous les avantages de la civilisation égyptienne : l’importance, le nombre et sur-tout l’antiquité des monumens qu’on y admire, édifices contemporains de tout ce que la plaine de Thèbes offre de plus ancien, sont déjà, pour l’historien, des faits capitaux qui l’arrêtent en ébranlant les