Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/445

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fut un temps où la partie civilisée de l’Éthiopie, la presqu’île de Méroé, et les bords du Nil entre Méroé et Dongola, étaient habités par un peuple qui avait une langue, une écriture, une religion et des arts semblables à ceux de l’Égypte, sans dépendre pour cela des rois égyptiens ou de Thèbes ou de Memphis.

Ce fait important doit devenir, sans aucun doute, un des élémens principaux de toute recherche sur les origines égyptiennes ; et il n’en subsiste pas moins, quoiqu’on trouve à Barkal et à Méroé des constructions d’époques assez récentes : en Éthiopie comme en Nubie et en Égypte, des monumens fort anciens sont mêlés avec d’autres qui appartiennent à des temps plus rapprochés de nous ; il ne s’agit que de distinguer ceux qui existèrent dans cette contrée lointaine, avant que l’influence des Grecs et des Romains eût corrompu les arts, en même temps que les institutions de ses habitans.

C’est donc encore en perfectionnant et en appliquant nos connaissances sur le système hiéroglyphique, écriture commune aux plus anciens Éthiopiens et aux Égyptiens, ainsi que le dit si formellement Diodore de Sicile[1], que nous arracherons à un oubli total les documens historiques consignés sur les monumens éthiopiens de toutes les époques ; et quelque peu étendus qu’ils puissent être, ils suffiront, selon toute apparence, pour décider irrévocablement la grande

  1. Biblioth. Lib. I.