Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/63

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textes, sans que leur nature phonétique fût indiquée par aucune marque distinctive.

Ce fait important une fois prouvé, il sera bien plus facile de décider une question fondamentale, que je pose en ces termes : L’écriture phonétique, dont j’ai déjà prouvé l’emploi dans la transcription des noms propres des souverains étrangers, fut-elle uniquement réservée à cette transcription de noms propres ou de mots étrangers à la langue égyptienne !

En raisonnant dans la supposition que l’emploi des hiéroglyphes phonétiques était borné à la transcription des noms propres et mots étrangers, on sent bientôt que ces signes, dont la nature était si différente de celle des signes idéographiques environnans, auraient dû nécessairement être reconnaissables à des marques particulières ; et si l’on suppose encore, comme on le fait, que les caractères phonétiques n’exprimaient des sons qu’occasionnellement, et qu’ils avaient eux-mêmes une valeur idéographique, la nécessité de ces marques distinctives, dont la fonction eût été d’avertir de cette grande métamorphose d’un signe idéographique devenant tout-à-coup phonétique, se ferait sentir avec une nouvelle force, et on resterait convaincu qu’elles auraient été pour ainsi dire indispensables.

Aussi a-t-on cru que cette espèce d’encadrement elliptique, nommé cartel ou cartouche, qui, dans l’inscription de Rosette, entoure le nom propre de Ptolémée, pouvait et devait remplir les fonctions de ce signe-moniteur.