Page:Champsaur - Homo-Deus, Ferenczi, 1924.djvu/22

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tude des savants que hante la question, un plus heureux, découvre la clef de l’obsédant mystère... »

Un tonnerre d’applaudissements souligna ces dernières paroles, et le docteur descendit, au milieu des ovations de tous. Il ressemblait, de plus en plus, au clown qui vient d’étonner le cirque, et nul ne savait, pourtant, la hautaine et merveilleuse pensée que cachait son sourire. Vite, il serra quelques mains de complimenteurs et sortit rapidement.

Dehors, un groupe de snobs, de snobinettes, séduits par ses façons pittoresques et légendaires, l’attendaient pour l’acclamer. Des gens du peuple, qui passaient, ayant entendu prononcer son nom, s’étaient arrêtés aussi et tout ce monde formait une badauderie momentanée, bizarre et enthousiaste, bien parisienne.

Un homme de haute taille, brun, en jaquette de fine coupe, chapeau de soie très chic de ligne et de reflets, à l’aspect altier, aux yeux extraordinairement beaux, qui impressionnaient, accompagnait jusqu’à son auto une jeune femme très élégante, la comtesse Simone d’Armez et un opérateur était en train de « tourner » ce départ pour les actualités des cinémas Gaumont.

— Au revoir, madame, disait le superbe cavalier qui semblait continuer et conclure un flirt (son regard ensorceleur et hardi allait droit au but et, s’y complaisant, la pénétrait comme un désir invisible et fort). Sans besoin d’autres paroles, vous lisez dans mes prunelles mon admiration profonde. A bientôt, jolie comtesse. Je serai près de vous, en esprit, et en vérité plutôt que vous ne pensez, et mieux que vous n’imaginez.

Mais Jean Fortin parut. Des mains nombreuses se tendirent vers lui. S’étant dégagé avec peine, il se disposait à monter dans une voiture, lorsqu’il s’arrêta et tressaillit : l’homme de haute taille, aux yeux sataniques, le saluait. Fortin se précipita vers lui :