Page:Champsaur - Homo-Deus, Ferenczi, 1924.djvu/6

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Un valet de chambre passa, tenant par la taille une soubrette, ensuite un taxi qui s’en allait vers la Muette. Puis, tout retomba dans le calme et le silence.

Au troisième étage d’un grand immeuble, une fenêtre s’ouvrit lentement craintivement, pourrait-on dire, et une silhouette d’homme se pencha au dehors.

Bientôt, la fenêtre se referma.

Par des échappées dans la verdure des marronniers, des étoiles brillaient, étrangement lumineuses, dans un ciel d’encre violette. Leur scintillement jaune, ou vert, ou rouge, les faisait ressembler à des milliers de gemmes accrochées à la voûte céleste, comme des pierres précieuses, semées dans une robe de fée. La voix lactée, à la phosphorescence nébuleuse, évoquait des écharpes diaphanes, déroulées dans l’immense étendue ou de lointaines îles d’opales dans un océan noir.

Sous la féerie splendide du ciel, sans lune, la porte de l’immeuble, où tout à l’heure une fenêtre s’était ouverte, grinça. La même silhouette apparue sortit par l’entre-bâillement, traversa le petit jardin, ouvrit l’huis sur l’avenue. L’homme hésita, jetant des regards inquiets, comme angoissés, à droite et à gauche. Après avoir scruté l’ombre épaisse, sous les frondaisons printanières, il rentra dans l’immeuble. Il en ressortit presque aussitôt, les épaules chargées d’un gros paquet et s’en fut en courant presque, sous les arbres de l’allée cavalière, qu’il se mit à suivre dans la direction du Bois.

Son fardeau devait être très lourd, car à peine eut-il franchi une cinquantaine de mètres, l’individu parut chanceler sous la charge. Il se raidit néanmoins, s’appuya contre le tronc d’un marronnier ; et, quand il eut repris des forces, il se remit à marcher.

Bientôt, malgré sa résistance physique, il lui fallut s’arrêter. Il respira bruyamment, se retourna, constata que personne ne l’avait épié, suivi. Après une courte hésitation encore, il traversa l’avenue, marcha sur le trot