Page:Champsaur - Parisiennes, AC, vol. 65.djvu/2

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

REQUIEM POUR UN OISEAU BLEU



Le couple était divin : une femme aux doux yeux,
un poète aux chansons sonores et viriles.
Pour fortune ils avaient un bel oiseau des îles,
et les myosotis, aux mémentos joyeux.

Bleu comme cette fleur et bleu comme les cieux
l’oiseau charmait, parmi les lourds ennuis des villes,
ces jeunes cœurs épris de mille riens futiles ;
ils l’avaient baptisé d’un nom harmonieux.

Un jour de grosse neige, à la fin de décembre,
il mourut en cherchant, dans l’air gris de la chambre,
des soleils de Java l’éclat et la chaleur.

Pour le pauvre oiselet, l’amante et le poète
creusèrent une tombe, à l’ombre de la fleur
endormie. Et la croix porte : « Ci-gît Bluette. »



DANS LES BLÉS



Sur les coquelicots et les épis brûlés
jusques à l’horizon couvrant partout la plaine,
le soleil, par un soir de juillet sans haleine,
incendiant le ciel, tombait au ras des blés.

Comme la belle avait des cheveux ondulés,
tels qu’une gerbe d’or de la moisson prochaine,
comtesse aux petits pieds, coureurs de prétantaine,
la bouche incarnadine et les yeux endiablés ;