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DE LA NOUVELLE-FRANCE

premier une mauvaise nouvelle, je ne puis me défendre d’avertir Votre Éminence que le siège est levé… Je l’assure cependant que M. de Turenne est sorti des lignes avec toute son armée. Il sera sorti du quartier de La Ferté de l’artillerie sans armes, pour laquelle il est nécessaire d’avoir des mousquets et des piques. Je donnerai, sur les ordres de M. de Turenne, tout ce que j’ai ici des uns et des autres. Je ne puis donner à Votre Éminence aucun détail, et j’ai bien du chagrin de me sentir obligé de lui dire le gros de l’affaire. » Le même jour, Mazarin lui répond qu’il connaissait déjà l’échec et n’était nullement découragé. À plusieurs reprises Condé et les Espagnols menacent le Quesnoy, et Talon déploie une grande activité pour fortifier cette place. Mazarin ne lui ménage pas l’expression de sa satisfaction, et le félicite cordialement[1]. Plus tard le cardinal dit à Talon combien il lui sait gré de sa diligence à l’avertir de toutes choses. Dans une autre occasion il le remercie du soin qu’il prend des malades et des blessés. Le 2 septembre 1656 il lui promet un bénéfice pour un de ses frères, et lui demande s’il serait disposé à acheter une charge de valet de chambre du roi, dont la dernière avait été vendue 68,000 livres. Le 2 mars 1657, le cardinal écrit à Talon que tout ce que l’on pourra dire contre lui ne fera jamais impression sur son esprit. Preuve que si Talon avait des envieux, il jouissait de l’entière confiance du ministre.

L’intendance du Hainaut, dont il avait l’administration, comprenait dix gouvernements ou prévôtés : Valenciennes, Avesnes, Bavey, Charlemont, Landrecies, le

  1. Lettres de Mazarin, 2 juillet, 24 juillet, 16 octobre 1655, vol. VII, pp. 543, 556, 582.