Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


SUR LE CONGO


En face de Brazzaville, le Congo a plus de deux mille mètres de largeur ; mais, lorsque le spectateur, se tournant vers l’Est, regarde en amont, le Pool s’élargit jusqu’à devenir dix ou douze fois plus vaste.

Les eaux du fleuve sont rouges et sombres. Vues de loin, elles prennent des teintes gris-bleu, bleu-pâle et argent bleuté, qu’on ne rencontre nulle part ailleurs. C’est en vain que l’œil étonné cherche à décomposer ces couleurs et à retrouver la trace du rouge qui colore si fortement les eaux : il n’en reste rien. Il n’y a pas de rouge, pas de violet, pas de jaune : c’est un bleu de plomb plus ou moins vif, plus ou moins estompé, suivant l’éclairage et le plan, et qui s’harmonise avec la couleur du ciel où courent sans cesse de gros nuages gris mat, et avec celle des montagnes qui étendent à l’horizon leurs teintes plates admirablement dégradées.

Car ici, tout ce qui n’est pas au premier plan du tableau est sans relief, vague, fondu, perdu