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les aspirations


Leur long martyre à tous fit verser bien des pleurs ;
L’Histoire au pilori cloua leurs oppresseurs ;
De nobles étrangers sur la lyre divine
Chantèrent leurs vertus et dirent leurs tourments,
Et bien des cœurs meurtris et bien des cœurs aimants
Se souviendront toujours du nom d’Évangéline.

Onze ans dura l’exil de ces héros trahis,
Et des milliers sont morts sans revoir leur pays :
Aux lieux les plus lointains on retrouve leurs tombes.
Des groupes, échappés aux noirs pontons fiévreux,
Ont vécu, dans la nuit de grands bois ténébreux,
Comme les vieux Romains au fond des catacombes.

Onze ans dura l’exil des malheureux bannis.
Ainsi que des oiseaux qu’en renversant leurs nids
Emporte quelquefois l’aile de la rafale,
Ils ont longtemps erré sous des cieux inconnus,
Puis, ramenés par Dieu, sont, un jour, revenus
Au vieux terroir béni de la rive natale.