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les aspirations


Vous y gagnez en paix, pour un repas frugal,
Le pain qui vous manquait sur le vieux sol natal ;
Et, tendant à des vents favorables vos voiles,
Sous le fier étendard aux plis semés d’étoiles,
Qu’il vous faut désormais respecter et servir,
Vous entrevoyez tous le port de l’avenir,
Vous sentez, enivrés du vin des espérances,
Vos cœurs, restés français, battre pour les deux Frances,
Pour la Gaule chrétienne et pour le Canada.
Vous aimez le pays où le ciel vous guida,
Mais vous n’oubliez pas les rives du grand fleuve,
Où vous avez pourtant subi plus d’une épreuve ;
Et, comme les oiseaux ― chassés par les frimas
Vers des bosquets ombreux qui ne se fanent pas ―
Gardent sous d’autres cieux leur suave ramage,
Savent se rappeler l’arbre, au mouvant ombrage,
Qui berça le doux nid abritant leurs amours,
Frères, dans votre exil, vous conservez toujours,
En dépit de railleurs, de jaloux et de traîtres,
L’idiome si vieux que parlaient vos ancêtres,
Et dont ils ont laissé tant d’échos enchanteurs ;
Vous conservez toujours sur l’autel de vos cœurs,