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la liberté éclairant le monde


Autour de la statue altière et solennelle,
Qui regarde la mer comme une sentinelle
Et sert durant la nuit de phare aux nautoniers,
Des vaisseaux de haut bord balancent leurs huniers,
De rudes matelots, de hardis capitaines,
Des voyageurs partant pour des terres lointaines,
Des étrangers venus de tous les horizons,
De lourds fardiers portant de riches cargaisons,
Se croisent tout le jour, reflétés par une onde
Où le vent fait flotter tous les drapeaux du monde.

Dans l’immobilité superbe de l’airain,
La statue, au regard toujours calme et serein,
Semble prêter l’oreille à la clameur immense
Qui s’élève sans fin de la ville en démence,
Semble écouter le chant dolent des matelots
Sur les vaisseaux voisins balancés par les flots,
Et, bien que nul jamais n’ait vu frémir sa bouche,
Qui garde une roideur froide autant que farouche,
Elle parle, elle parle avec solennité,
Et voici ce qu’un soir elle m’a raconté :