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à m. le capitaine j.-e. bernier


Sur le sommet nacré d’un iceberg géant,
— Semblant un vaste autel bercé par l’Océan, ―
Pour remercier Dieu qui retient les désastres,
Un soir, tu planteras quelque modeste croix,
Et tes fiers compagnons, ces marins de ton choix,
Avec toi fléchiront le genou sous les astres.

Un ardent Te Deum montera vers le ciel,
Et dès qu’aura vibré cet hymne solennel,
Des frissons inconnus traverseront l’espace,
Le gouffre des grands flots engourdis tremblera,
Et l’esprit des déserts dans la brume dira :
— Banquises, courbez-vous ! c’est le maître qui passe ! ―
 
Captif du fier progrès, proscrit du saint devoir,
Tes amis ne pourront de sitôt te revoir ;
Mais, durant les longs jours de ta longue croisière,
Ton souvenir en eux sera toujours vivant,
Et les soirs radieux les verront bien souvent
Pensifs et l’œil tourné vers l’étoile polaire.