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les aspirations


Il dédaigne le faste outrageant du vantard,
Qui, rendu tout-puissant par l’aveugle hasard,
Effeuille à pleines mains l’arbre de sa fortune ;
Mais, du pur idéal gardant le pur trésor,
Il sent contre le riche à genoux devant l’or
Tressaillir dans son âme une sainte rancune.

Avec l’ardeur du feu sacré dont son vers luit,
Il haïra toujours le frère de celui
Qui jadis resta sourd aux plaintes de Lazare,
Et, du culte des gains dévoilant les hideurs,
Comme le Christ chassait du Temple les vendeurs,
Il voudrait châtier à coups de fouet l’avare.
 
Mais de même qu’en lui frémit un saint courroux
Contre ceux que l’argent fait tomber à genoux,
Contre tous ceux qu’on voit ramper au pied des trônes,
De même il se sent naître un vaste amour au cœur
Pour le riche qui laisse, humble triomphateur,
Sur les vaincus du sort, couler des flots d’aumônes.