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LE NIAGARA

À M. J.-M Fleury


 
Ainsi qu’un blanc troupeau qui marche au sacrifice,
Les grands flots moutonneux vont vers le précipice,
Et, comme subissant la fascination
Du monstre à l’écumeuse et fauve torsion,
L’immense nappe d’eau bouillonnante et rapide
S’arrondit brusquement et bondit dans le vide.

Quelle chute ! quel bruit ! quel engloutissement !
Toute l’horreur du râle et du mugissement,
Tous les cris de la mer et tous ceux de la foudre,
Les lamentations des blessés noirs de poudre,
Les sourds gémissements du glas et du tocsin,
Les accents du clairon, les éclats du buccin,