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les aspirations

Ils vont, et devant eux la solitude tremble.
Ils vont, ils vont, ils vont, et l’élan parfois semble
Se fondre avec la nuit qui voile la forêt.
Ils vont, et le chasseur impétueux voudrait
Avoir l’essor du vent pour atteindre le fauve ;
Et l’ouragan sans fin fouette la forêt chauve.
Ils vont, ils vont toujours, au hasard serpentant
Dans les sombres halliers du grand bois palpitant.
 
Soudain, comme le vent a paru faire trêve,
La détonation d’une arme à feu s’élève
Du désert ténébreux sur qui planait la mort,
Puis le bruit d’un géant qui s’affaisse et se tord
Tressaille vaguement à travers la tempête.

L’homme, à demi mort, vient d’abattre enfin la bête.

Et, voyant expirer le survivant dernier
D’une harde tombée aux mains du braconnier,
À ses mornes échos la savane mouvante
Jette comme un long cri de rage et d’épouvante.