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l’aurore boréale

Quel est ce voile étrange, ou plutôt ce prodige ?

C’est le panorama que l’esprit du vertige
Déroule à l’infini de la mer et des cieux.
Sous le souffle effréné d’un vent mystérieux,
Dans un écroulement d’ombres et de lumières,
Le voile se déchire, et de larges rivières
De perles et d’onyx roulent dans le ciel bleu,
Et leurs flots, tout hachés de volutes de feu,
S’écrasent et, trouant des archipels d’opale,
Déferlent par-dessus une montagne pâle
De nuages pareils à des vaisseaux ancrés
Dans les immensités des golfes éthérés,
Et puis, rejaillissant sur des vapeurs compactes,
Inondent l’horizon de roses cataractes.
Le voile en un clin d’œil se reforme plus beau,
Lové comme un serpent, flottant comme un drapeau.
Plus rapide cent fois qu’un jet pyrotechnique,
Il fait en pétillant un sabbat fantastique,
Et met en mouvement des milliers de soleils
À travers des brouillards transparents et vermeils
Comme cristallisés dans la plaine éthérée.