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le carnaval


De tous côtés bientôt résonne la fanfare
Des trompettes mêlant leurs sonores frissons
Aux longs hennissements du cheval qui s’effare
Et qui piaffe parmi la neige et les glaçons ;
Et sur la condora rayonnant comme un phare
Se croisent des éclats de rire et des chansons.

De souples raquetteurs, chantant à gorge pleine,
Passent deux à deux, fiers comme des fantassins,
Portant des justaucorps, des ceintures de laine,
Des bonnets phrygiens, de légers mocassins :
En folle ribambelle ils volent vers la plaine,
Criblés par les éclairs de beaux yeux assassins.
 
Sur le flanc des coteaux et des montagnes russes,
Couches sur leurs traîneaux aux lisses d’acier clair,
Poussant des cris perçants, de vrais cris de Borusses, ’
D’impétueux enfants fondent sans fin dans l’air,
Pendant que sur la glace, à l’éclat plein d’astuces,
L’âpre patineur glisse et fuit comme l’éclair.