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les aspirations

Que Cortez se taillait au cœur d’un autre monde ;
Pizarre avait trouvé la nouvelle Golconde,
Et pour son souverain le fier conquistador
Chargeait ses galions avec des lingots d’or ;
Des marins côtoyaient d’incomparables berges,
Au passage éveillant l’écho de forêts vierges
Grouillantes de castors, de buffles et d’élans,
Ou, libres comme l’air, des peuples indolents,
Des peuples que la nuit de l’erreur enveloppe
Foulaient un sol dix fois plus vaste que l’Europe.
Chaque jour apportait quelques récits nouveaux
Sur ces bords rayonnants d’éternels renouveaux ;
Et les douces rumeurs qui couraient dans les brises
Éveillaient chez Cartier de nobles convoitises ;
Et cet homme, amoureux du large flot grondant,
Tenant son œil pensif fixé sur l’Occident,
Brûlait de s’éloigner de la vieille Armorique,
Afin d’aller porter à la vierge Amérique
Resplendissant au fond de sa pensée en feu
Le drapeau de la France et l’étendard de Dieu.