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les aspirations

Peut redescendre en perle, au milieu de la nuit,
Dans le lis altéré qui lui tend son calice.

Les feuilles des forêts tombent comme des pleurs,
Et l’orme dépouillé semble au loin un squelette.
Tout est fané, gazon, jasmin et violette ;
Mais Floréal toujours ressuscite les fleurs
Et redonne aux bosquets frissonnants leur toilette.

Les fleuves débordés submergent les grands monts,
Et rien n’apparaît plus sur l’onde où tout se noie ;
Mais soudain l’arc-en-ciel au firmament chatoie,
Et la terre du sein des flots lourds de limons
Émerge et de nouveau brille et frémit de joie.
 
Par l’ouragan farouche un chêne est renversé :
Un rejeton en sort, croît et se ramifie.
L’émondeur, en blessant le cep, le fortifie.
L’herbe pousse plus drue où la faux a passé ;
Rien ne peut étouffer le germe de la vie.