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les aspirations

L’aile du papillon de la larve est éclose ;
La poudre du chemin, que soulèvent nos pas,
Se transforme et devient fruit, graminée ou rose.
 
Tout est fécond, coteau, val, fange, arbre embaumé.
Tout palpite, le luth, le flot, l’aile, la feuille,
Le printemps qui sourit, l’automne qui s’endeuille ;
Le lourd rocher muet est lui-même animé ;
Tout vit, le grain qui germe et la fleur que l’on cueille.

Et les mondes lointains dont sont peuplés les cieux,
Et pour qui notre terre est moins qu’une étincelle,
Gravitant dans l’éther où leur flamme ruisselle,
Sans suspendre jamais leur cours majestueux,
Prouvent l’éternité de l’âme universelle.

La mort n’existe pas ! la mort n’existe pas !
Le père disparu dans l’enfant vit encore ;
Le cœur broyé conserve une fibre sonore,
Et ce que nous nommons, en tremblant, le trépas,
Au lieu d’être un couchant, est un lever d’aurore.