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les aspirations

Ont fait évanouir cette route éphémère.
Et maintenant il marche à l’aventure, il erre,
Il tâtonne dans l’ombre affreuse de la nuit.
Il marche, il marche, il marche, et rien encor ne luit.
Entre les troncs glacés de la forêt plaintive.
L’apôtre va toujours, et jamais il n’arrive.
L’apôtre va toujours, courbé sous l’aquilon,
Seul avec un vieux chien, sans guide et sans jalon.
Il est ainsi perdu depuis le crépuscule,
Et le but qu’il poursuit incessamment recule.
Au sein de ce désert farouche il va sans fin,
Brisé par la fatigue et la peur et la faim.
Il s’imagine aller vers l’ouest. Sans qu’il s’en doute,
Le prêtre, égaré, change à chaque instant sa route
Et tourne constamment dans le même milieu.
Il marche, il marche, il marche, à la grâce de Dieu
Et sans trêve le vent fait rage sur sa tête.
Parfois au pied d’un arbre un moment il s’arrête,
Autour de lui jetant un regard anxieux,
Cherchant si dans les troncs avoisinants ses yeux
Ne reconnaîtraient pas quelque grand conifère
Qui lui montrait la voie à la saison dernière.