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les aspirations

Le soleil jaunissait en trouant le brouillard,
Et son orbe semblait l’œil d’un spectre hagard
Aperçu vaguement au milieu des nuages.

Soudain un souffle d’air agita les cordages.

Sur l’immobilité du fluide miroir,
Décrivant par endroits des cercles d’un bleu noir,
Comme des éventails s’ouvraient ces ronds étranges
Autour desquels parfois se découpaient des franges ;
Et cela présageait la fin de la torpeur
Qui donnait à la mer un calme si trompeur ;
Et bientôt du levant, paraissant se poursuivre,
Émergeaient brusquement des nuages de cuivre.
Ces nuages couraient rapides, affolés,
S’étirant sur le ciel en réseaux effilés ;
On eût dit, en voyant leurs fauves dentelures,
Que les esprits de l’air traînaient des chevelures ;
Des vols de goélands, tournoyant sur les flots,
Semblaient de leurs longs cris railler les matelots.
 
Sous le vent, qui déjà gémissait dans la brume,
Les ondes crépitaient en se marbrant d’écume ;