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à mon père


Je pleurai tout un jour, incliné sur ta couche,
Serrant ta main raidie, ô noble et saint vieillard,
Et fixant un regard trouble et presque farouche
 Sur tes prunelles sans regard.

J’avais perdu l’ami qui jamais ne vous blesse,
Qui vous ouvre son cœur en vous ouvrant ses bras,
Vous reproche un écart d’une voix qui caresse, ―
Et s’attache toujours comme une ombre à vos pas.

J’avais vu se voiler l’astre de la sagesse,
Dont les feux si longtemps me montrèrent le port…
Et j’étais resté seul, seul avec ma tristesse,
 Seul avec le froid de la mort.

La voix qui me disait jadis : « Prie, aime, espère »,
S’était évanouie, et pour toujours, hélas !
Et je n’entendais plus, penché sur toi, mon père,
Que les plaintes du vent et les sanglots du glas.