Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
les aspirations


Les marins ne pouvaient rassasier leurs yeux
Des splendeurs que l’été déroulait devant eux,
Et le fier amiral, debout sur la dunette,
Tout pensif et tenant à la main sa lunette,
Contemplant les aspects riants et merveilleux
Déployés par les monts, les prés verts, les flots bleus,
À chaque instant songeait à la valeur immense
Du pays qu’Albion enlevait à la France.

Et les vaisseaux montaient, montaient sous le vent d’août.

Des bruits inquiétants, venant on ne sait d’où,
Faisaient parfois frémir l’amiral à son poste,
Toujours pensif et prêt toujours à la riposte.

Tout à coup, au moment où le navire altier
Rasait un frais îlot coupé de maint sentier,
Un formidable choc inconnu le secoue,
Un long craquement sourd de la poupe à la proue,
Entremêlé d’un bruit de faïence et de fer,
Fait tressaillir le mousse et le vieux loup de mer,