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les invincibles

La flotte lève l’ancre au milieu des bravos
Des tirailleurs toujours debout dans leurs canots,
Le fusil à l’épaule et l’écume à la bouche,
Beaux dans leur débraillé poudreux, noir et farouche.

Quelques instants après, le curé de Sorel
Avec ses paroissiens remerciait le ciel
D’avoir ainsi sauvé l’honneur de la patrie,
Et parmi les éclats de la mousqueterie,
Que la brise du soir à la flotte emportait,
Un Te Deum géant du rivage montait,
Répété par l’écho de la forêt prochaine,
Qui voulait, elle aussi, dans cette nuit sereine,
Rendre grâces à Dieu, de qui vient tout succès,
D’avoir encor donné la victoire aux Français.

Les marins, furieux, s’étaient laissés descendre
À deux nœuds en aval de Sorel presque en cendre.

Le lendemain, aux feux du soleil matinal,
Les vaincus, caressant un projet infernal,