J’ai vanté les splendeurs de la rive natale,
Que ton âme d’artiste aimait avec fierté ;
J’ai dit de ses forêts la sombre majesté,
Et de ses ciels d’hiver la froideur idéale.
J’ai loué les vaincus non moins que les vainqueurs ;
J’ai fait parfois pleurer, bien rarement sourire ;
Pour aider les souffrants, souvent avec ma lyre
Je suis allé frapper à la porte des cœurs.
Dans mon livre j’ai mis ce qui pouvait te plaire ;
Baise-le maintenant ! Oui, daigne le bénir,
Pour qu’il vive à jamais, et dise à l’avenir
Que ton fils t’adorait, ô ma mère ! ô ma mère !
II
Et toi, mère patrie, entends-tu mes accents
À travers l’Océan que le printemps caresse ?…
J’irai bientôt fouler ta rive enchanteresse,
Boire aux flots de ton art aux jets éblouissants.