Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/110

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Qu’on dirait cramponnée au tuf de la falaise
Sous le couvert du pin, du cèdre et du mélèze.
Presque à nos pieds, dans l’Anse au contour sinueux,
Le long village, avec ses clochers somptueux,
Ses toits souvent fouettés par la bise bourrue,
Ses files de vignots où sèche la morue,
Resplendit des derniers reflets du soleil d’or
Tombé dans les grands bois lointains du Labrador,
Et fait de vingt maisons bruyamment animées
Monter vers le ciel bleu de paisibles fumées
Annonçant que bientôt les vieilles en bonnets,
Devant les lourds sarments en feu sur les chenets,
Pour les pêcheurs qu’un vent léger ramène aux grèves,
Sur la table de lin mettront la soupe aux fèves.
Et, par-dessus les flots, par-dessus les forêts,
Les abîmes, les monts, les rocs et les guérets,
Le zénith ouvre ainsi qu’une bannière immense
L’azur éblouissant d’un ciel de la Provence.

Non, nul panorama plus vaste et saisissant
N’a fixé le regard étonné du passant.
Non, jamais l’infini de la mer claire et pure
N’a mieux séduit l’amant de la grande nature ;
Et le divin pinceau de Salvator Rosa,
Que le feu créateur du génie embrasa,
Nous ferait contempler à peine un reflet terne
De ce site qui tient du Pinde et de l’Averne.