Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/115

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Je vois Décembre qui s’avance
Avec son cortège brutal ;
À travers les accords d’un bal
J’entends sangloter l’indigence.

L’aspect du mobile drap blanc
Qui couvre gazon, arbre et pierre
Me fait songer aussi qu’enfant
J’allais, sous les yeux de ma mère,
Glisser sur la neige première
Au flanc du coteau scintillant.

Mainte souvenance lointaine
Se réveille en mon cœur navré,
Pendant que, là-bas, dans la plaine,
Sur le bosquet et sur le pré
Le vaste suaire nacré
Ondoie au vent qui se déchaîne.

Je me rappelle qu’à longs flots
La neige croulait sur la terre
Et blanchissait les noirs tombeaux,
Quand, un matin, au cimetière
On porta le corps de mon père
Au milieu de navrants sanglots.