Page:Chapotot - L’Estomac et le Corset.djvu/16

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des épaules. À partir des creux axillaires, les bords s’abaissent en se courbant jusqu’au-dessous des seins, qui, par ce fait, sont soutenus et non comprimés. Une chemise légère, qui en laisse voir la forme, les voile simplement. C’est grâce aux dispositions logiques de leur corset que les seins des femmes sardes, célèbres déjà dans l’antiquité, acquièrent un développement magnifique et qu’elles sont réputées bonnes nourrices[1] ».

Ces différentes modes, ou plutôt leurs excès, furent de tout temps l’objet de critiques dont nous avons trouvé de très nombreux exemples chez les Grecs et les Romains.

Dès leur apparition, les corps à baleines de Catherine de Médicis soulevèrent le blâme des hommes les plus éclairés. Riolan, premier médecin de Marie de Médicis, Roderic a Castro (Hambourg 1600), A. Paré s’efforcèrent d’en démontrer les inconvénients.

« Par trop serrer l’estomach et les parties dédiées à la respiration, on est cause d’une suffocation et mort subite », dit A. Paré. Et plus loin, il raconte la mort d’une dame de la cour, tombée dans le marasme à la suite « de vomissements répétés des aliments », dus à la pression de l’estomac par un corps à baleines appuyant tellement sur les fausses côtes qu’il les trouva, à l’ouverture du cadavre, « chevauchant les unes par dessus les autres ».

Montaigne nous apprend que les corps produisaient souvent de profondes escoriations : « Pour faire un corps

  1. Gaston Vuillier. — La Sardaigne, octobre 1891.