Page:Chapotot - L’Estomac et le Corset.djvu/84

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La malade étant debout ou assise, avec ou sans corset, le bruit est constant, jamais interrompu ; ce sont même deux bruits rhythmés par la respiration.

Pendant l’arrêt de celle-ci, cessation du bruit ; pendant l’inspiration, il se compose de deux ou trois bruits se succédant rapidement, donnant la sensation de deux ou trois masses d’eau et de gaz, d’eau surtout, tombant dans une cavité qui contient déjà du gaz et des liquides. Quelquefois il n’y a qu’un bruit. Tous ont un timbre amphorique.

Pendant l’expiration, le bruit est plus long, se prolonge pendant presque tout le temps respiratoire ; il donne la sensation d’une succession rapide de bulles qui éclatent à la surface d’un liquide ; le timbre est également amphorique, mais sa tonalité est plus aiguë, il va s’amoindrissant jusqu’à la fin de l’expiration.

Dans la station horizontale il disparaît, même si la taille est serrée par le corset.

La malade dit que parfois il disparaît après le repas, surtout quand elle se sent très ballonnée, alors qu’elle est obligée de desserrer ses vêtements.

Au lit, disparition. Il recommence quand la malade se lève, même avant qu’elle ait rien pris.

On le fait disparaître par une compression sous-ombilicale énergique faite avec les deux mains, compression qui refoule et remonte fortement le grand cul-de-sac de l’estomac en prolapsus. Cette expérience réussit invariablement. Cependant la ceinture de M. Glénard ne fait pas cesser le bruit ; cela tient probablement à ce que la compression est insuffisante.

Il faut ajouter que ce bruit était pour cette jeune fille une véritable infirmité qui lui faisait redouter de paraître devant d’autres personnes.

Interprétation. — Théorie probable (voir le schéma fig. 23). L’estomac est certainement déformé comme l’indique la figure. Le grand axe est vertical, le pylore abaissé, mais bien moins que le grand cul-de-sac qui pend dans l’abdomen.

La partie moyenne de l’estomac présente un resserrement étroit, en C, dû à l’étranglement de cette partie, comprise entre la rate et le lobe gauche du foie, et probablement aussi à un spasme des fibres circulaires. C’est en ce point qu’on trouve le plus souvent la contraction qui fait l’estomac bilobé. Ce spasme peut être dû à l’irritation de cette région qui supporte le maximum de compression. Il est bien possible aussi que la stricture soit en partie d’origine nerveuse et due à la forte émotion qu’a éprouvée la malade.