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Diſcours de la Court.

Et beaucoup moins ou flateur, ou plaiſant
Pour paruenir a mon poinct opportun.
D’eſtre faſcheux, mal propre & importun
A tant de gentz eſt commun auec moy
Que ie n’en prens ny ſoucy ny eſmoy.
En proteſtant que ie ne veulx former
Le Courtiſan, & moins le reformer :
Car ce ſeroit marcher (a bien le prendre)
Sus vng grand feu cache d’ung peu de cendre,
De moy ie veulx non d’aultruy rendre cõpte.
Aimant l’honneur de tous, craignant la honte
Et le venin d’enuie, & ſa morſure.
Ie me ſubmetz a l’aduis & cenſure
De ceulx qui ont le meilleur iugement :
Car bon vouloir m’eſt ſeul coutentement.
Et n’entendz point la bouche au ciel leuer,
Blaſmer le bien, & le mal approuuer :
Mais ſi mõ œuure en maintz lieux eſt mal pris
Des igorantz, & des ſcauantz repris,
Me reputant entre les bons poetes
Moins que Saul entre tous les prophetes,
Ce ne ſeront des roſes eſpandues
Ains ſeullement des parolles perdues,
Et ne m’en veulx aultrement excuſer,
Qui trop ſ’excuſe, il ſe faict accuſer,
Ou de vouloir vſer de fiction,
Ou de parler par grande affection :