Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/26

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mes leçons ; je parlais avec une grande facilité et une hardiesse au moins égale ; et les États délibérèrent la création d’une chaire de chimie aux appointements de six mille francs par an.

Malgré mes succès dans l’enseignement de la chimie et les faveurs des États, mon oncle voyait avec peine que j’échappais à la pratique de la médecine ; il m’en faisait chaque jour des observations, et chaque jour je m’efforçais de lui persuader que, lorsque je me serais fait une grande réputation dans la chimie, j’en aurais bien plus de facilité pour m’illustrer dans la pratique ; je lui citais Stahl et Vœrhaave qui avaient été les premiers chimistes et les plus grands médecins praticiens de leur temps : ces exemples ne laissaient pas que de faire impression.

À l’époque où je commençai à professer la chimie[1], la nouvelle doctrine n’existait pas encore ; l’ancienne commençait à être ébranlée : la découverte des gaz, la décomposition de l’air, la théorie des oxydations métalliques, déduites du mémoire de Lavoisier sur les oxydes d’étain et de mercure, tout nous montrait l’horizon du beau jour de la

    deux archevêques et de douze évêques : on eût dit un concile. » (Junius Castelnau.)

  1. Charles Dupin, qui prononça un discours, le 1er août 1832, aux funérailles de Chaptal, dit qu’il avait « reçu de la nature un organe flexible et sonore, une physionomie expressive, un regard spirituel et puissant ; en un mot, tout ce qui contribue, par le langage d’action, au succès physique du professeur ».