Page:Charavay - A. de Vigny et Charles Baudelaire, 1879.djvu/55

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3l Tragiques grecs, œuvre unique de son auteur et qui devait rester telle,ou peu s’en faut.Les élè- ves de l’École normale, qui se servent beaucoup de ce livre, ont généralement l’indiscrétion d’y relever la phrase du chapeau, mémo- rable exemple de logomachie (I). Mais on peut être un éminent humaniste sans avoir le don d’écrire. Que pouvait alors la Revue des Deux Mondes contre cet universitaire éminent, ami de collège de Casimir Delavigne, protégé par tous les adversaires de la littérature dite romantique et par Lamartine lui-même ? Ce- pendant la lutte fut vive et l’élection disputée; Vigny, au premier tour de scrutin, n’obtint que six voix, tandis que Patin et Vatout en


(I) Cette phrase, qui est une curiosité littéraire, se trouve dans toutes les éditions des Etudes sur les tragiques grecs. Je l’ai copiée sur l’édition de 1842 (t. I, p. 114) et je la reproduis fidèlement comme le plus mémorable exemple de logomachie. Celui seul qui l’écrivit put ne pas sentir combien cette phrase est divertissante. « Disons-le en passant, ce chapeau, fort classique, porté ailleurs par Oreste et Pylade, arrivant d’un voyage, dont Callimaque a décrit les larges bords dans des vers conservés, précisément à l’occasion du passage qui nous occupe, par le scoliaste, que chacun a pu voir suspendu au cou et s’étalant sur le dos de certains personnages de bas- reliefs, a fait de la peine à Brumoy, qui l’a remplacé par un parasol. »