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Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/77

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Près de la balustrade de fer forgé qui séparait la terrasse de la rue, une fillette d’environ quinze ans, aux cheveux rognés près du crâne, se laissait embrasser à pleine bouche, au milieu de la presse du trottoir, par un autre adolescent en pantalon collant noir, s’arrêtant aux chevilles et en veston vert bouteille. Il la quitta langoureusement et elle vint sans gêne se joindre aux occupants de la terrasse.

L’amie de Sylvie, prétexta un rendez-vous et s’esquiva. Georges l’avait à peine vue. Non qu’elle ne fût jolie et avenante, mais elle était trop près de Sylvie.

— Nous nous reverrons, dit-elle en guise d’adieu.

L’écrivain eut l’impression qu’elle le traitait déjà comme un familier.

Mais il n’eut pas le temps d’analyser cette impression. À la table voisine, un jeune homme debout passait le dos de la main sur la joue d’une jeune fille assise avec son ami, s’aventurait sous ses cheveux, dans le bord de son décolleté. Celle-ci se laissait palper, immobile et, semble-t-il, aussi insensible qu’un objet. Son compagnon ne paraissait pas non plus incommodé par cette caresse publique.