Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/36

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des saints, était posé de guingois à l’extrémité supérieure de son corps gracile.

— Tu es le petit Pollender, me dit-elle en souriant.

Je fis un signe affirmatif. Je ne pouvais détacher mon regard de ce grand papillon que le vent semblait agiter au bout d’une longue épingle.

Thérèse devait passer plusieurs années avec nous. Elle aimait la compagnie et fut bientôt très populaire dans Fontile. Outre ses costumes, qui lui eussent valu la notoriété, elle photographiait les enfants, les maisons, les rues. Sa chambre était encombrée de photographies la représentant dans tous les décors imaginables et toutes les attitudes que lui inspirait son état d’âme du moment. Le goût de se donner en spectacle la conduisit, à la suite d’une déception sentimentale, à une tentative de suicide. C’était une nuit de printemps et la porte de ma chambre était ouverte. J’entendais en bas, des chuchotements insolites, la grosse voix assurée du docteur Desartois, le va-et-vient précipité qui accompagne