Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/58

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position, ce que je croyais y avoir mis. Je restai toute la nuit dans une irrésolution douloureuse. Mes anciens condisciples, l’un après l’autre, s’étaient fait un nom, arrivaient aux premières places dans les carrières qu’ils avaient choisies.


Tous les doutes dont j’avais été assailli depuis trois ans revinrent à l’assaut. Je me forçai de les analyser calmement. Il y avait dans le garçon que j’étais un mépris inconscient de la vie et des hommes, une attitude livresque, un rôle que j’avais assumé sans en comprendre toute la portée. Ayant été brillant à Fontile, où la classe sociale et la fortune étaient tout, je me trouvais déclassé dans un milieu où le talent était monnaie courante. Honteux de la demi-oisiveté dans laquelle j’avais passé ma première année, sensible aux critiques de mon père, je m’étais inscrit sans vif intérêt à la faculté des lettres. Je n’avais pas poussé ces études à terme.

Je n’avais pas souffert auparavant de ces insuccès. Mais à ce moment, ils venaient confirmer un sentiment intime que j’avais refoulé jus-