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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 2.djvu/193

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tems marqué, aux vuës de cette sagesse adorable.

Qui pourroit douter un instant, que si nous étions les maîtres d’ébranler, à notre gré, certaines fibres du cerveau de nos semblables ; par éxemple, les fibres appropriées aux mots, nous ne rappellassions, à volonté, dans leur ame, telle ou telle suite de mots, & par cette suite une suite correspondante d’idées ?

Répéterai-je encore que la mémoire des mots tient au cerveau, & que mille accidens, qui ne peuvent affecter que le cerveau, affoiblissent & détruisent même en entier la mémoire des mots ? Rappellerai-je ce vieillard vénérable, dont j’ai parlé dans mon essai analytique, qui avoit, en pleine veille, des suites nombreuses & variées de visions, absolument indépendantes de sa volonté, & qui ne troubloient jamais sa raison ?

Répéterai-je, que le cerveau de ce vieillard étoit une sorte de machine d’optique, qui éxécutoit d’elle-même sous les yeux de l’ame, toutes sortes de décorations & de perspectives ?

On ne s’avisera pas non plus de douter, que Dieu ne puisse ébranler au gré de sa