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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 2.djvu/30

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être. Tout ce qu’elle voit, entend, goûte, palpe lui paroît hors d’elle, & un raisonnement très simple la convainc que tout cela se passe en elle. Les génies puissans qui ont tenté, dans ces derniers tems, de pénétrer ce mystère, nous ont étonnés par la singularité ou la hardiesse de leurs inventions, & ne nous ont point du tout instruits.

Voila déjà bien des traits frappans de notre ignorance : combien d’autres traits pourrois-je en rassembler, qui ne paroîtroient pas moins frappans ! Ce globe que nous habitons, sur lequel nous voyageons ou plutôt nous rampons ; ce globe dont nous décrivons si pompeusement la superficie, & dans lequel nous pratiquons avec le doigt de petits trous, qu’il nous plait d’appeller de profondes mines ; ce globe sur lequel s’élèvent çà & là de petites excroissances que nous nommons des montagnes, dont à force de trigonométrie nous avons la gloire de mesurer l’élévation, & dont après bien des travaux, nous parvenons à détacher quelques petits grains, ou fragmens, que nous nommons d’énormes blocs de pierre ; ce globe dont nous déterminons avec tant de précision la figure,