Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 2.djvu/372

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une force de sentiment & de pensée ; j’ai presque dit, une force de nerfs & de muscles, que je ne trouve point dans les autres.

Les premiers atteignent aux moëlles de mon ame ; les seconds, à celles de mon esprit.

Et combien ceux-là me persuadent-ils davantage que ceux-ci ! C’est qu’ils sont plus persuadés : ils ont vu, ouï & touché.

Je découvre bien d’autres caractères, qui me paroissent différencier beaucoup les disciples de l’envoyé, de ceux de Socrate, & sur-tout des disciples de Zenon. Je m’arrête à considérer ces différences, & celles qui me frappent le plus sont cet entier oubli de soi-même, qui ne laisse à l’ame d’autre sentiment, que celui de l’importance & de la grandeur de son objet, & au cœur, d’autres desirs que celui de remplir fidèlement sa destination, & de faire du bien aux hommes : cette patience réfléchie qui fait supporter les épreuves de la vie, non point seulement parce qu’il est grand & philosophique de les supporter ; mais, parce qu’elles sont des dispensations d’une providence sage, aux yeux de laqu’elle la résignation est le plus bel hommage : cette hauteur de pensées & de