Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/368

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des six mille sociétés anonymes, civiles ou commerciales qui détiennent le grand commerce et la grande industrie. Elle aura intérêt à exiger, à obtenir qu’une part des actions soit réservée de droit, en toute entreprise, aux organisations ouvrières, afin qu’ainsi, peu à peu, le prolétariat pénètre au centre même de la puissance capitaliste, et que la société nouvelle sorte de l’ancienne avec cette force irrésistible « d’évolution révolutionnaire » dont a parlé Marx.

En tous sens s’ouvrent des réformes que la classe ouvrière peut et doit conquérir, des voies où elle doit et peut marcher. Et cela, le Parti ouvrier français ne le méconnaît pas. Il le méconnaît si peu qu’il a accepté, dans l’intérêt immédiat du prolétariat, d’administrer les intérêts municipaux, c’est-à-dire une parcelle de la société d’aujourd’hui. Dans la récente campagne électorale, quand les élus du Parti rappelaient leur activité qui, en effet, fut admirable, à la fois minutieuse et enthousiaste, que de titres ils invoquaient où la « lutte de classe » s’effaçait devant les nécessités administratives ! C’étaient des rues percées, c’est-à-dire tout à la fois plus d’air et de santé pour tous les citoyens, bourgeois et propriétaires, — et une plus-value pour les propriétaires d’immeubles. C’étaient des contrats avec les propriétaires de rues privées transformées